RENOUVEAU
Du mois d’avril au mois de mai
La terre se fait plus gentille.
Un joli temps de jeune fille,
Tire l’ aiguille, prend le dé.
Parfois un bel arc irisé
Pavoise l’averse qui brille.
Du mois d’avril au mois de mai
La terre se fait plus gentille.
La violette est dans le pré;
Dans la clairière, la jonquille.
Sous l’arbre en espoir de famille
On entend le merle chanter
Du mois d’avril au mois de mai
PIERRE MENANTEAU
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LE CAHIER
Comme il entrouvrait son cahier,
Il vit la lune
S’emparer de son porte-plume.
De crainte de la déranger,
Il n’osa pas même allumer.
Bien qu’il eût désiré savoir
Ce qu’elle écrivait en secret,
Il se coucha
Et la laissa là, dans le noir,
Faire tout ce qu’elle voulait.
Le lendemain,
Son cahier lui parut tout bleu.
Il l’ouvrit.
Une main traçait des signes si curieux
Qu’elle faisait en écrivant
Redevenir le papier blanc.
MAURICE CARÊME
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LE HERISSON
Bien que je sois très pacifique,
Ce que je pique et pique et pique
Se lamentait le hérisson.
Je n’ai pas un seul compagnon.
Je suis pareil a un buisson,
Un tout petit buisson d’épines
Qui marcherait sur des chaussons.
J’envie la taupe ma cousine,
Douce comme un gant de velours.
Émergeant soudain des labours
« Il faut toujours que tu te plaignes »
Me reproche la musaraigne.
« Certes, je sais me mettre en boule
Ainsi qu’une grosse châtaigne,
Mais c’est surtout lorsque je roule
Plein de piquants, sous un buisson,
Que je pique et pique et repique
Moi qui suis si si pacifique »
Se lamentait le hérisson.
MAURICE CARÊME
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UB |